Durant les 28 dernières années, j’ai été astronaute à l’Agence spatiale canadienne (ASC) et j’ai ainsi eu le privilège de participer à deux vols dans l’espace. J’ai de magnifiques souvenirs de ces deux missions qui resteront à jamais gravés dans ma mémoire, et durant lesquelles des liens d’amitié durables se sont créés entre les membres de l’équipage.

Il y a un mois, j’ai quitté le corps d’astronautes pour me joindre à l’équipe des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC). Plusieurs personnes m’ont demandé depuis « Pourquoi mettre un terme à une carrière dans l’espace pour me joindre à un organisme de recherche en santé? ». Ma réponse : « Pour l’exploration ».
L’exploration a toujours fait partie de ma vie. J’aime lire des ouvrages sur les premiers explorateurs canadiens – les Autochtones, Samuel de Champlain, Jacques Cartier, Sir Alexander MacKenzie, David Thompson. Ces êtres remarquables sont mes héros. Ils se sont aventurés dans des contrées inexplorées et ont contribué à bâtir de nouvelles collectivités.
Enfant, j’aimais regarder les émissions de télé sur des alpinistes escaladant les plus hautes montagnes, des aventuriers sous-marins scrutant les profondeurs des océans et, bien sûr, les astronautes des missions Apollo qui ont marché sur la lune.
L’instinct d’exploration est fondamental chez l’humain. Il consiste à nous dépasser en repoussant sans cesse nos limites. À l’ère des grandes découvertes, il y avait les limites de lieu, de distance, de hauteur et de profondeur. Aujourd’hui, lorsque nous parlons d’exploration, nous ne faisons plus seulement référence aux limites géographiques et spatiales. Nous devons maintenant élargir nos horizons en matière de connaissances et de capacités.
Dans notre monde moderne, l’exploration touche notamment les soins de santé. Il y a encore beaucoup à découvrir dans ce domaine : les fondements de la conscience, le mystère du code génétique, un remède au cancer. Même si j’ai adoré mon aventure dans l’espace, c’est la découverte dans son sens large qui me captive.
Les chercheurs dans le domaine de la santé, qui ont à cœur de promouvoir les valeurs sociétales et d’améliorer le sort des patients, ont toute mon admiration. Ils nous encouragent à apprivoiser l’inconnu et à persévérer malgré les difficultés. Par leur exemple, ils nous incitent à poursuivre la lutte contre les difficiles problèmes médicaux de notre temps. Voilà ce qui a motivé ma venue aux IRSC, un organisme voué à l’excellence, à la collaboration et à l’innovation, dont l’esprit d’exploration à l’échelle nationale rappelle celui d’organisations comme l’ASC et la NASA.
Voici donc le premier message de mon blogue sur la recherche en santé. Le philosophe américain Ralph Waldo Emerson a dit un jour que la vie est un voyage et non une destination. Dans mon blogue, je veux vous parler des découvertes, mais aussi du cheminement de mes collègues chercheurs. Je vous présenterai, entre autres, des chirurgiens qui se servent de robots pour le traitement du cancer du cerveau et des scientifiques qui s’emploient à décoder le code génétique. Je vous ferai part de leurs réflexions sur la recherche en santé et même peut-être aussi de mon point de vue en tant que nouveau cadre aux IRSC. Pour moi, il s’agit sans contredit d’un voyage en territoire peu connu!
7 septembre 2012
Question : l’esprit d’exploration est-il bien vivant au Canada?
