Flore intestinale et maladies

Lactobacillus bacteriaAujourd’hui, notre blogueur invité, le clinicien-chercheur Philip M. Sherman, M.D., FRCPC, directeur scientifique de l’Institut de la nutrition, du métabolisme et du diabète des IRSC, nous livre son point de vue sur le rôle des bactéries intestinales dans la maladie.

Alors que j’étais jeune étudiant en médecine, j’ai vite compris que bon nombre de questions médicales demeurent sans réponse. Je voulais contribuer à la compréhension du grand casse-tête formé par la santé et la maladie. Aujourd’hui, en tant que clinicien-chercheur, je tente de répondre à quelques-unes de ces questions en transposant les résultats de la recherche pour améliorer le traitement des patients. Mes recherches portent sur la compréhension du rôle des bactéries intestinales dans la maladie, un nouveau pas en biologie humaine.

L’intestin humain est l’hôte d’une colonie complexe de bactéries qu’on appelle microbiome intestinal. Chaque intestin abrite environ 100 billions de bactéries appartenant à environ 1 000 espèces. Chaque individu présente un profil unique d’espèces de bactéries régi par son alimentation et l’utilisation d’antibiotiques. Ces bactéries aident à puiser l’énergie et les vitamines des aliments, à maintenir l’équilibre du système immunitaire et à prévenir la prolifération de souches de bactéries dangereuses. On constate une altération du microbiome intestinal chez les gens souffrant de plusieurs maladies, dont l’obésité, le diabète, la maladie coeliaque, les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (maladie de Crohn, colite ulcéreuse) et le syndrome du côlon irritable. Nous savons que le microbiome intestinal des patients atteint de ces maladies est différent, mais nous ne savons pas si ces différences sont à l’origine de la maladie ou si elles en sont le résultat.

Sherman Lab

Le cerveau et l’intestin communiquent entre eux par le truchement d’un réseau de nerfs, d’hormones et du système immunitaire. Par exemple, lorsqu’une personne est nerveuse, le cerveau active certains nerfs qui donnent la sensation d’avoir des « papillons dans l’estomac ». Il semble aussi que la flore intestinale affecte le cerveau. Par exemple, mon équipe de recherche a découvert que la mémoire des souris dépourvues de flore intestinale est inférieure à celle des souris dont la flore intestinale est normale. D’autres chercheurs ont fait état d’une augmentation des comportements à risque chez les souris sans flore intestinale. Ces découvertes laissent croire que la flore intestinale joue un rôle dans le développement du cerveau.

Il reste encore beaucoup à faire pour comprendre le rôle de la flore intestinale dans la santé et la maladie. Des chercheurs canadiens subventionnés par les IRSC participent activement au projet international sur le microbiome, une initiative visant à définir et à décrire le microbiome humain. Bien que de nombreuses questions demeurent encore sans réponse, les résultats de recherche initiaux entretiennent l’espoir de mettre au point de nouveaux traitements comme l’utilisation de bactéries bénéfiques (ou probiotiques) pour promouvoir la santé et prendre en charge les maladies.

 

Photo #1 – Sur cette photo, prise au moyen d’un microscope électronique, on peut observer l’interaction des bactéries Lactobacillus (cellules en forme de bâtonnets) avec les cellules du système immunitaire appelées neutrophiles (grandes cellules rondes dans le coin supérieur droit et à l’extrême gauche). Les lactobacilles sont un type de « bonnes » bactéries qu’on retrouve couramment dans les probiotiques. Cette photo a été prise dans le laboratoire du Dr Sherman par la Dre Linda Vong, Ph.D.

Photo #2 – Le Dr Sherman (à l’arrière, à l’extrême droite) s’interrompt le temps d’une photo avec les techniciens, les postdoctorants et les étudiants diplômés qui travaillent dans son laboratoire.

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